Ilot de stabilité, suite

Actualisation

Reprenons maintenant, en les actualisant, les points évoqués par Heisenberg et Planck.

Progressivement, depuis une quarantaine d’années, les Français sont entrés dans une période d’obscurantisme et de peur hystérique : ils sont complètement convaincus que la civilisation mène la Planète à sa perte. Même le bambin le plus dissipé, dans le collège de banlieue le plus reculé, le sait depuis l’enfance. Les journaux, les médias en général, ressassent ce dogme en permanence.

Les dirigeants n’écoutent rien : Max Planck avait pu rencontrer Hitler, mais personne ne peut aborder aujourd’hui la question de la transition énergétique. L’Académie des Sciences a rendu public récemment un rapport condamnant la fermeture absurde d’une centrale électrique qui fonctionne parfaitement : aucun journal, aucun politicien, n’en ont parlé.

Vouloir une discussion rationnelle à propos du CO2 est aussi vain que présenter les travaux d’Einstein à la Division SS « Das Reich ».

La démocratie fonctionne de manière nominale : les élections sont libres et régulières, mais ab-solument aucun parti politique n’est capable de dire (ni n’en sera capable dans un avenir prévi-sible) « nous souhaitons réexaminer un certain nombre de choix stratégiques ». La totalité des partis politiques, la totalité des responsables, se réclament de l’écologie. Ouvrez leur CV : vous y verrez leurs hauts faits en matière de CO2 et d’écologie.

Imaginer que le Parlement français peut, au cours des vingt années qui viennent, créer un groupe d’analyse critique des thèmes écologiques est aussi vraisemblable qu’imaginer que le Bundestag, en 1933, aurait pu créer un Groupe d’Amitié Judéo-Chrétienne.

V. Effondrement et reprise

L’effondrement du pays est désormais une certitude à court terme : la forte réduction de l’activi-té, sur une période suffisamment longue, mène irrévocablement le pays à sa ruine. Tout imprégnés de l’idéologie obscurantiste, les Français ne sont pas capables de ce simple raisonnement : à force de réduire mon activité, je n’en aurai plus du tout, et alors je serai au chômage ! Mais cette fidélité au dogme se rencontre au sein de tous les obscurantismes : les Allemands sont res-tés fidèles à Hitler pratiquement jusqu’à l’effondrement du pays.

Comme l’observe Gustave Le Bon [3], la population est irrationnelle, versatile et vindicative. Politiciens qui trichez vos électeurs, journalistes qui les abreuvez de sophismes, méfiez-vous ! Vous croyez le peuple endormi, étouffé par le CO2, anesthésié par le Covid. Mais il commence à se réveiller. Toutes vos belles assemblées si représentatives, tous vos conseils scientifiques si compétents, il va s’en débarrasser comme il sait le faire : à coups de bâton. C’est simple, c’est efficace, et ça fonctionne même sans pile à hydrogène.

La ruine consommée, la population aura tôt fait de se retourner contre ses anciens dirigeants et de les traîner en justice : Nuremberg succédera à Grenelle. Chacun dira : moi, ces histoires, je n’y ai jamais cru.

Il faudra que l’économie redémarre. Mais ce n’est pas si difficile : l’outil de production existe encore, ainsi que les compétences. Simplement, tout ceci est interdit d’usage, confiné, congelé, au nom de la Planète. Pour redémarrer, il faudra réchauffer. Et pour cela, quoi de mieux qu’un petit exercice, comme des coups de bâton ?

Les villes accueilleront à nouveau les automobiles, les aéroports les avions ; les ouvriers retour-neront dans les usines et les paysans cultiveront leurs champs. L’ambition et la hardiesse seront à nouveau autorisées ; on verra le retour de l’âge d’or, selon l’antique prophétie de la Sybille de Cumes [4, traduction Victor Hugo] :

Ultima Cumaei venit jam carminis aetas.

VI. Manuel de survie

Heisenberg et Planck concluent : dans ces conditions, tout ce que nous pouvons faire est de créer des « îlots de stabilité » en attendant le retour à la normale. Voyons la transposition moderne, pour un secteur d’activité, quel qu’il soit. Comment agir, dès maintenant ?

L’effondrement du nazisme a impliqué l’effondrement de l’obscurantisme qu’il avait vu naître : à partir de 1945, plus personne ne s’est déclaré antisémite en Allemagne. De la même façon, l’effondrement de l’économie française impliquera la disparition de tous les dogmes associés à l’obscurantisme planétaire : plus personne n’osera parler de CO2, de développement durable, de transition énergétique, etc. Le cataclysme va – et c’est le côté heureux – balayer d’un coup l’an-cienne idéologie. Il faudra reconstruire sur des bases saines.

Un « îlot de stabilité » concerne ici l’ensemble d’une branche d’activité, quelle qu’elle soit. Nous prendrons l’exemple de l’automobile, mais cela vaudrait sans changement pour l’activité indus-trielle en général, l’agriculture, les transports, etc.

Deux règles sont essentielles :

 Il faut que l’activité en question fasse la preuve de sa « virginité » : dans les procès de Nurem-berg qui se dessinent, il faudra montrer que l’on n’a pas abusé des réductions de CO2, du dé-veloppement durable, et, plus généralement, de toutes les composantes de la précédente vague d’obscurantisme : toutes composantes qui seront désormais considérées comme d’épouvantables sornettes ;

 Il faut que l’activité en question fasse la preuve qu’elle repose sur une utilité sociale effec-tive. Par exemple, l’automobile dira (statistiques INSEE [5]): 70% des salariés vont travail-ler en voiture ; 50% parcourent en voiture plus de 15 kilomètres pour atteindre leur lieu de travail et 25% (soit 3,3 millions de salariés), plus de 26 kilomètres.

La fiche insistera sur le fait que le vélo n’est utilisable que par une toute petite partie de la po-pulation, et encore dans des conditions bien définies ; le recours au vélo n’avait de sens que dans le cadre de la vague d’obscurantisme destinée à sauver la planète.

La fiche ainsi rédigée fera le point, de manière grossière, sur les rejets atmosphériques. Elle montrera que le chiffre de 48 000 morts par an, du fait de la pollution, est entièrement factice et procède des publications scientifiques qui se sont propagées à l’occasion de la vague obscurantiste. La fiche fera le point, de manière grossière, mais compréhensible par l’opinion, sur les dif-férents rejets que l’on attend d’un véhicule à moteur thermique et comparera avec les émissions de particules dont la Nature est responsable.

La fiche veillera à critiquer toutes les mesures idéologiques prises pendant la vague d’obscuran-tisme, par exemple les restrictions de circulation lors des pics de pollution.

VII. Elément historique Pour finir, un mot de nature historique peut être approprié. Bien peu de gens se sont demandé ce qui se serait passé si Heisenberg et Planck, lors de cette conversation, avaient choisi l’issue opposée : comme l’essentiel de la population et des scientifiques, rejoindre Hitler dans son obs-curantisme meurtrier. Ils étaient, rappelons-le, les deux meilleurs spécialistes de physique ato-mique au monde. Les Nazis auraient eu la bombe atomique longtemps avant les Alliés et l’obs-curantisme du 3ème Reich aurait pu durer mille ans, comme attendu. Cette simple conversation de 1933 a probablement contribué à sauver le monde libre. Tâchons de nous en souvenir et d’avoir pour ces deux physiciens une pensée discrètement reconnaissante : créer un « îlot de sta-bilité » n’était pas si facile.

VIII. Références [1] Comment le scientifique doit-il réagir face à la montée des obscurantismes ? Dialogue entre Max Planck et Werner Heisenberg, 1933 http://www.scmsa.eu/archives/Heisenberg-Planck_1933.pdf [2] Bernard Beauzamy, 2020 : Comment avons-nous pu accepter un coup d’Etat sanitaire et quelle attitude adopter ensuite ? http://www.scmsa.eu/archives/BB_coup_etat_2020_06.pdf [3] Gustave Le Bon : « Psychologie des Foules », 1895. [4] Virgile Les Bucoliques, 4ème Eglogue, traduction Victor Hugo https://mediterranees.net/litterature/virgile/bucoliques/hugo4.html [5] Statistiques INSEE sur les déplacements des salariés https://www.insee.fr/fr/statistiques/3714237